20/03 : Sortez masqués, sortez couverts ! La crise sanitaire, politique et morale sans précédent que nous vivons suite à la pandémie m’a rappelé une autre forme de contamination, toujours présente mais dont on ne parle presque plus, et pour reprendre la formule SILENCE = MORT…
Alors que la crainte de la contagion semble plus que jamais présente malgré les amorces de déconfinement, et que la polémique enfle autour de la nécessité et/ou de la capacité du pays à faire tester ses habitants, je songe à un texte que j’avais produit à l’occasion du colloque “Le genre : quel défi pour la psychiatrie ? Biologie et société dans les classifications et la clinique” qui s’était tenu à la Faculté de médecine de Paris (Université Paris Descartes) les 3 et 4 décembre 2013.
Bien que les études de genre n’eussent jamais été mon domaine de recherche, j’avais été invitée à composer et présenter par le comité organisateur. Très vite, mon attention s’était portée vers Guillaume Dustan, trublion médiatique qui, coiffé d’improbables perruques à paillettes, multiplait les apparitions chocs et les déclarations provoc sur les plateaux TV des émissions de Dechavanne à Thierry Ardisson à la fin des années 1990.
Dans mes souvenirs de lycéenne, c’était du grand n’importe quoi avec un propos qui finissait par desservir la cause des droits des communautés LGBT. Pour préparer ce maudit papier commandé, j’ai plongé dans les écrits de Dustan et pendant près de 9 mois, j’ai lu et relu tous ses livres, même ceux massacrés par la critique, écrits en langage SMS et j’y ai découvert un discours extrêmement construit, raisonné, « justiciel » et réparateur, et surtout un auteur d’une sensibilité rare, un écorché vif qui malgré les outrances était un moraliste.
A la fin de mon intervention au colloque, des lecteurs et amis de Dustan, étrangers au milieu universitaire, se sont approchés de moi pour me remercier chaudement. Ils n’étaient venus que pour cette intervention sur leur écrivain préféré, disparu trop tôt. Aujourd’hui, je pense aux divas trans, aux créatures de nuit, aux clubbers, aux fêtards noctambules invétérés, aux travailleurs-ses du sexe, à toutes celles et à tous ceux que les biens pensants qualifient de monstres de foire. Et je partage ce texte pour donner envie à d’autres de lire Dustan, au delà de la perruque à paillettes. Cliquez ici-bas :
Cacher cette perruque que je ne saurais voir-Dustan