Wind High, Sand Deep, Monument Valley Hospital photographs

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Photographie extraite de Wind High Sand Deep, de Herbert Ford, publié en 1965 par les presses des Seventh-Day Adventists.

Publié en 1965, Wind High Sand Deep est un fascicule de 32 pages dont une grande partie sont des photographies en noir en blanc de scènes se déroulant à l’hôpital et à la mission de Monument Valley.

Cet ouvrage est représentatif des nombreux textes publiés à l’intention des pasteurs et des laïcs tentés par l’aventure missionnaire en terre navajo. Il renseigne sur la manière dont les coutumes navajo étaient considérées par les colons anglo de la deuxième moitié du XXe siècle et sur les efforts produits par l’Église Adventiste pour convertir les populations locales au christianisme.

Les photos exaltent la vocation missionnaire des médecins, infirmières, enseignants et pasteurs installés à Monument Valley, un lieu âpre mais magnifique, considéré comme un témoignage de la puissance créatrice divine.

La brochure n’élude pas les difficultés – essentiellement logistiques – rencontrées par l’équipe hospitalière de Monument Valley: « at the Monument Valley Hospital (…) nurses often double as dishwashers, and doctors as carpenters when their regular duty hours are finished. »

A l’origine de l’installation d’un couple de missionnaires adventistes à Monument Valley, l’inquiétude d’Harry Goulding, trader et rancher de la région. L’hôpital le plus proche de sa trading post était situé à Tuba City, à une centaine de miles. Au bout de trois ans de travail acharné avec l’aide d’Harry Goulding, la clinique est enfin prête à fonctionner à plein régime en 1954. Cette année-là, elle accueille plus de 700 patients navajo.

Aux préjugés racistes exprimés avec véhémence par les médecins missionnaires du début du siècle a succédé une forme de paternalisme bienveillant qui n’hésite pas à reconnaître la valeur esthétique des objets créés par les Navajo: tapisseries, paniers… La brochure exonère même les Navajo de tout comportement anti-anglo en évoquant la déportation (The Long Walk) et l’enfermement à Bosque Redondo  dont ils furent victimes après leur défaite contre l’armée de Kit Carson. Mais, c’est pour rajouter immédiatement après, à la page 7, que les ancêtres de leurs patients navajo actuels étaient des voleurs de mouton et de chèvres et qu’ils devaient être traduits en justice (par la déportation des femmes et des enfants ? est-on en droit de se demander)

Les personnels médicaux du Monument Valley Hospital restent en premier lieu des missionnaires, pétris de certitudes, prêts à tout pour éradiquer des croyances et pratiques rituelles qu’ils assimilent à des superstitions. Les mœurs des Navajo sont fustigées et l’on critique abondamment le mode de vie traditionnel. Le sentiment de supériorité manifesté par les employés du Monument Valley Hospital se manifeste dans de nombreux passages, notamment à travers la description standard faite de « l’individu Navajo »: « Le Navajo est une somme de tabous et de superstitions qui le rendent malheureux. Quand il se décide à mettre en pratique les valeurs et croyances du christianisme, il ressent une immense joie qui vient balayer les traditions. » (page 10)

Le texte montre le lien manifeste établi par le personnel médical entre prévention et évangélisation: pour les infirmières et les médecins du Monument Valley Hospital, les soins prodigués aux Navajo visent en premier lieu à combattre et éradiquer leurs mauvaises habitudes et coutumes, seules responsables de leurs maladies.

Ainsi, peut-on lire à la page 13, au sujet du mode d’habitat des Navajo : « The hogans still breed many diseases with their dirt floors and their stifling hot temperatures during freezing winter days. Even if the Navajo leaves the hogan for a cabin with wood floor and other more healthful features, there are still many more health problems of a personal nature which need to be remedied before good health is assured. »

Dans l’ensemble, malgré quelques remarques au sujet de l’ouverture d’esprit de certains hommes-médecine, prêts à échanger avec leurs confrères non-navajo et la reconnaissance du pragmatisme des patients Navajo qui n’hésitent pas à consulter les médecins anglo quand les remèdes des hataali se révèlent impuissants à soulager leurs maux, l’ensemble de la brochure reflète bien un désir d’assimilation totale des Navajo, les adventistes se présentant comme des bienfaiteurs apportant la civilisation à des presque sauvage.

Les nombreuses photographies sont à égard très représentatives. Elles montrent quasiment toutes un couple bienfaiteur-sauvé, un personnel soignant blanc et un Navajo pauvre, soulagé et heureux de recevoir des cadeaux, de la nourriture ou des vêtements propres.

L’hôpital a fermé en 1996 et les soins sont aujourd’hui dispensés à Monument Valley libres de toute affiliation religieuse.

Néanmoins, un petit groupe de missionnaires adventistes a décidé d’ouvrir, à côté de l’école encore ouverte, un Dine Health & Healing Center qui tout en reprenant la forme octogonale du hogan traditionnel et en promouvant le recours à la phytothérapie et aux remèdes « naturels » est bien destiné à favoriser l’évangélisation de la population locale. Les temps changent, les outils utilisés pour évangéliser aussi mais la ferveur missionnaire reste la même.

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2 Replies to “Wind High, Sand Deep, Monument Valley Hospital photographs”

  1. j’ arrive de Monument Valley et j’ai,été très triste de voir dans quelles conditions vivaient certains Navajos. je souhaiterais trouver une asso ou organisation qui oeuvre en faveur des indiens afin de pouvoir apporter une aide à ce peuple. Par contre je n’ai pas vu l’ hôpital faute de temps j’ai raté très certainement de nombreuses choses mais les courts moments d’échanges avec eux ont été très intenses.

    1. Bonjour,
      l’hôpital n’existe plus depuis 1996. En France, il y a plusieurs associations que vous pouvez contacter: le csia-nitassinan, comité de solidarité avec les « indiens » des Amériques ou pour les Lakotas, l’association Pine Ridge Enfance Solidarité…

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